Alizée Pigeroulet, artiste plasticienne
Alizée Pigeroulet aka AliPige, est une artiste plasticienne d'origine lyonnaise. Ses compositions déstructurées, de l'ordre de l'abstraction, prônent une expression libre et instinctive par laquelle elle explore et interroge les recoins de sa psyché. Le foisonnement spontané des couleurs, la démultiplication d'éléments et de matières, dont la majorité est issue de la récupération, participent à la reconstruction de ce qui aurait pu être déjà détruit, laissé à l’abandon.
L’ARCHÉOLOGIE DE LA COULEUR
Série des Affiches, 2017-2021
“Afin de retranscrire et d’exprimer l’essence des affiches par la couleur, je les déchire pour rentrer dans leur cœur.” AliPige
Pour la série des Affiches, AliPige s’approprie la technique du collage de manière presque archéologique. C’est en venant creuser la matière et déchirer peu à peu les différentes couches de papier que la forme s’exprime. L’essence des affiches se révèle par une composition abstraite et superposée des couleurs. Un jeu de cache-cache créant ainsi un dialogue entre les différentes strates. S’opère alors une renaissance, les affiches s’entremêlant pour n’en former qu’une. Cette question de renaissance, voire de réminiscence, fait également écho au processus de récupération qui caractérise le travail de l’artiste. Par cette démarche de recyclage, son œuvre répond à un enjeu écologique en faisant perdurer la vie des matériaux voués à une certaine obsolescence.
Arborant les rues à la recherche de lettres et de couleurs qui viendront attirer son œil et attiser son inspiration, la démarche artistique d’AliPige est une véritable une quête graphique, une quête des “secrets” du papier, par laquelle elle entreprend un système de restructuration et de déstructuration esthétique. Ici gît toute l’ambivalence de son art, recomposé et trituré, dont le message métaphorique semble être de mettre en valeur le brin de couleur pouvant se trouver dans chaque fissure cachée.






MULTIPLICITÉ UNIQUE, UNICITÉ MULTIPLE
Mosaïques de miroirs, 2020
Le travail d’AliPige suggère de manière générale une déformation visuelle. Qu’elles fassent lieu au travers de la matérialité de l’œuvre ou bien dans la perception même du spectateur, les illusions et performances optiques qui naissent des mosaïques de miroirs redonnent une fonction nouvelle à ces derniers. En partant de matériaux bruts récupérés et brisés, l’artiste crée des compositions destinées à démultiplier les champs de vision du regardant, ainsi que le champ propre de l’œuvre, puisque les reflets suggérés en font partie intégrante.
On trouve un intérêt certain pour la notion de dualité, l’unicité de l’œuvre face à la multiplicité : multiplicité de résultats selon là où celle-ci est exposée, mais aussi selon là où le regard décide de se poser. Au-delà des bris, les mosaïques s’articulent et prennent forme au sein d’un espace coloré. Ici les effets de textures et de chromatisme sont liés à une volonté d’explorer nos différentes sensations visuelles et nos différentes émotions. Lorsque l’on se trouve face à l’œuvre, notre identité semble difforme et dédoublée. L’idée étant d’interroger notre perception de soi et d’appréhender notre environnement d’une nouvelle façon. Les mosaïques de miroirs manifestent en somme une certaine forme de beauté cachée dans tout ce qui est et semble brisé. Un impact visuel puissant qui génère une interprétation multiple.






